Autre cas de figure exemplaire: l’archivage contre le gré des auteurs qui auraient préféré tomber dans l’oubli.
Un groupe de musique fondé en 1995, auteur de quelques démos cassette (“Vèrmyaprèb”, “Nèvgzérýa”, “Ervoelbtre”…). Dans le milieu des années 2000, la diffusion par des blogs musicaux donne un nouvel essor à cette mouvance musicale jusque là très confidentielle. La popularité grandit au point que des vinyles “inofficiels” apparaissent sur les plates formes de vente en ligne, pour des sommes mirobolantes. Point commun, ces vinyles au graphisme noir et blanc minimaliste, sous des étiquettes aux consonances françaises, sont en réalité pressés dans des régions comme la Russie ou la Colombie, vraisemblablement à partir des sources mp3, elles-mêmes étant des copies dégradées de la publication cassette… Nous sommes ici devant un cycle d’archivage et de transfert des plus remarquables: l’enregistrement analogique (copie cassette d’après un master analogique 4-pistes) est numérisé et transformé (par l’algorithme de compression mp3), téléchargé sur un site de partage, avant de revenir à une forme analogique lors du pressage sur vinyle – la boucle est bouclée.
On pourrait aussi imaginer que la musique de Brenoritvrezorkre, réfractaire à la numérisation, fuit ce format pour revenir à un support unique et limité.
Bibliographie
VALTER. «Brenoritvrezorkre – Four Demos» [en ligne]. 11 février 2009. Disponible sur : <http://surrealdocuments.blogspot.com/2009/02/br.html> [consulté le 28 avril 2012].